LE MIEL DANS LA THÉRAPIE D’HILDEGARDE DE BINGEN

Le miel est bien souvent présent dans les préparations d’Hildegarde de Bingen alors qu’elle ne conseille pas de consommer le miel en tant que simple aliments. Que signifie ce paradoxe ?

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Le miel dans l'alimentation et la thérapie d'Hildegarde de Bingen

Le miel : est-il risqué de le faire chauffer ?

Le miel dans la thérapie d'Hildegarde de Bingen
Le miel : vertu ou poison ?

Cet article est le script d’une vidéo publiée dans le cadre de mon défi : 1 vidéo / jour pendant 30 jours pour répondre à vos questions sur votre santé naturelle à l’école d’Hildegarde de Bingen. Aujourd’hui, la question concerne le miel dans la thérapie d’Hildegarde de Bingen.

Avant de répondre à vos questions, je tiens à rappeler une évidence : je ne suis pas médecin. Mon rôle de naturopathe est de vous prodiguer des conseils en soutien. Votre pathologie quelle qu’elle soit doit être traitée par un médecin. Voilà c’est dit, je le répèterai à chaque vidéo afin d’éviter tout malentendu.

La question

Aujourd’hui je réponds à la question de Françoise : « Ma question concerne l’usage du miel dans les élixirs, les recettes nous disent de le chauffer or un miel chauffé perd ses vertus, il n’en reste que le sucre…cela me pose question. »

Il n’y a pas que dans les élixirs que l’on utilise du miel chez Hildegarde mais aussi dans des électuaires et des préparations à mettre sur des plaies. Mais il est vrai que, la plupart du temps, elle demande de le faire chauffer avec le reste de la préparation ou même de le faire bouillir !

La question est intéressante ! Je vais vous faire part de quelques pistes de réflexions pour tenter de vous éclairer mais cette question reste ouverte.

Le miel : l’avis d’Hildegarde de Bingen

Je me suis dit qu’il serait intéressant de voir ce que Hildegarde dit du miel. C’est au chapitre 177 du livre des plantes dans le Physica :

« Si un homme qui est gras et a des chairs épaisses mange souvent du miel, il provoque en lui la putréfaction. Si un homme maigre et sec et qu’il le mange cuit, cela le rend malade. Si on mange en rayons, avec la cire, il provoque de la mélancolie et rend malade ; il alourdit l’homme et augment sa mélancolie »

Physica, Chapitre 177 du livre des plantes

Nous voyons qu’Hildegarde ne prête au miel aucune vertu curative en lui-même. Nous pouvons même affirmer, sans nous tromper, qu’elle n’en pense pas forcément du bien. Il est donc exclu qu’elle l’ajoute à ses différentes préparations pour une éventuelle vertu curative puisque, au contraire, elle dit que cela peut être néfaste à la santé.

Pourquoi ajouter du miel à tant de préparations ?

Pour son pouvoir sucrant ?

Ce n’est pas pour son pouvoir sucrant que le miel est ajouté dans les préparations puisque certaines contiennent du miel ET du sucre !

Par tradition ?

Même si Hildegarde sort souvent des sentiers battus et si beaucoup d’éléments de sa thérapie sont assez particuliers et lui sont propres, il ne faut pas oublier que nous sommes au Moyen-Age et que le miel intervient traditionnellement dans beaucoup de préparations thérapeutiques (d’ailleurs souvent héritées de l’antiquité). Nous ne pouvons donc pas entièrement exclure que Hildegarde soit influencée par les habitudes de son temps.

Les véritables raisons !

Mais les vraies raisons, c’est au livre des Causes et Remèdes que Hildegarde nous les donne :

La chaleur du miel

Elle dit dans : « …la chaleur de la réglisse, celle du fenouil et celle du sucre, mêlées à celle du miel, suppriment l’écoulement… »  (Ch. la douleur du cœur)

Autre exemple : « la douce chaleur du vin, la chaleur du sucre et la chaleur du miel, lorsqu’elles sont excitées par une chaleur étrangère, guérissent cette membrane intérieure si elle est déchirée. » (Ch. rupture du péritoine)

Elle précise même ailleurs : « on prendra 5 ou 9 pilules, une à une, en humectant chacune d’un peu de miel, parce que le miel est chaud et doux (Ch. évacuation de la salive et de la morve)

L’arôme

« On ajoute du miel et du vinaigre pour que leur arôme rende cette boisson bonne à boire » (Ch Les lombrics). Dans cette préparation contre les vers, le miel est bouilli avec les autres ingrédients.

En cataplasme

« Le 4ème jour, on mêlera de la farine de froment avec du miel selon l’étendue des écrouelles… et quand cette pâte sera desséchée, on la rénovera avec du miel… » (CC Les écrouelles)

Miel : quels risques à le faire chauffer ?

Je n’ai pas oublié que la question de Françoise porte sur le fait de cuire le miel !

A travers tous les exemples que je vous ai donnés, nous comprenons que les propriétés physico-chimiques du miel qui sont altérées par la chaleur n’intéressent pas Hildegarde. Seules sa chaleur et sa douceur, qui sont des vertus subtiles, ont, pour Hildegarde, un intérêt dans les préparations qu’elle conseille.

Peut-être que certains parmi vous objecteront que chauffer du miel augmentent sa teneur en HMF (hydroxyméthyl furfuraldéhyde) ce qui est vrai.

Pour ceux qui ne connaissent pas : Cette molécule est un composé organique issu de la déshydratation de certains sucres (notamment le fructose). Elle se forme lors de la réaction de Maillard ou pendant la caramélisation. C’est ce qui donne cette belle couleur et cette bonne odeur aux produits alimentaires cuits, rôtis ou grillés.

Il faut savoir que l’on retrouve du HMF dans le miel même non chauffé, dans les jus de fruits, le lait UHT, les confitures, les biscuits, le café, les fruits séchés…

En conclusion, le miel dans la thérapie d’Hildegarde de Bingen

Bref, je conclurai avec Paracelse (XVIème siècle) :

« Tout est poison et rien n’est sans poison ;
la dose seule fait que quelque chose n’est pas un poison. »

Paracelse

Donc il n’y a aucun problème à utiliser du miel chauffé dans les préparations thérapeutiques conseillées par Hildegarde puisque nous les utilisons sur une courte période. A nous de veiller, par ailleurs, à la qualité de notre alimentation afin de ne pas consommer trop de produits à haute teneur en HMF.

Hildegarde n’utilise pas le miel pour les vertus thérapeutiques que nous lui prêtons aujourd’hui mais pour sa chaleur et sa douceur, ses vertus subtiles.

Nous pouvons donc suivre les recettes d’Hildegarde sans aucune crainte.

Vous aussi, comme Françoise, n’hésitez pas à me laisser votre question en commentaire. Je vous répondrai dans une prochaine vidéo ! Surtout n’oubliez pas de vous abonner à ma chaine pour être informé dès qu’une nouvelle vidéo paraîtra et sur ce blog. Abonnez-vous également à ce blog afin de recevoir mes principaux articles !

Signature de Christine Labbé Naturopathe

Les Causes et Remèdes

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2 réflexions sur « LE MIEL DANS LA THÉRAPIE D’HILDEGARDE DE BINGEN »

  1. Bonjour, très interessant! Je ne connais pas cette thérapie…qui date du moyen âge? Je ne vais plus chez le médecin depuis belle lurette.J’ai un livre sur les malaises et les maladies… pour essayer de comprendre d’où vient le problème puis je traite en EMDR. Merci

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